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Lors de la visite de l’Ambassadeur norvégien, le Vénérable Thich Quang Do pose les 4 conditions d’une unification du Bouddhisme au Vietnam

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PARIS, 3 juillet 2007 (BIIB) – L’Ambassadeur de Norvège au Vietnam, Son Excellence Kjell Storløkken et le premier secrétaire de l’ambassade norvégienne en charge des affaires politiques et économiques, M. Fredrik Steen, ont rendu visite au Vénérable Thich Quang Do, deuxième dignitaire de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite depuis 1981), lundi 2 juillet 2007, au Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville, où il est actuellement détenu en résidence surveillée.

Cette visite fait suite au récent débat au Parlement norvévien (Storting) au cours duquel les groupes politiques de droite et de gauche ont unanimement dénoncé l’intensification des violations des droits de l’Homme au Vietnam et mandaté le gouvernement norvégien et l’ambassade à Hanoi de surveiller de près la situation des démocrates et des défenseurs des droits de l’Homme. Le Parlement norvégien a tout particulièrement dénoncé le sort fait au Vénérable Thich Quang Do, lauréat 2006 du Prix Rafto pour les Défenseurs des droits de l’Homme et nominé pour le Prix Nobel de la Paix 2007. Thich Quang Do n’avait pas été autorisé à se rendre en Norvège pour recevoir son prix au mois de novembre 2006 et, en mars 2007, la représentante de la Fondation Rafto Thérèse Jebsen avait été arrêtée alors qu’elle s’était rendue au Monastère Zen Thanh Minh et tentait de remettre le Certificat du Prix Rafto à Thich Quang Do.

Lors d’une conversation sur un téléphone portable avec le porte-parole international de l’EBUV Vo Van Ai, le Vénérable Thich Quang Do a décrit les 90 minutes de la visite (de 9h00 à 10h30 du matin) comme très amicale, ouverte et positive.

Au cours des discussions, l’ambassadeur norvégien a exprimé son espoir qu’un jour les Bouddhistes vietnamiens pourraient s’unir en une seule Eglise et mettre un terme au conflit entre l’Eglise bouddhiste d’Etat et l’EBUV indépendante. Il a interrogé le Vénérable Thich Quang Do sur une telle possibilité. Thich Quang Do a répondu que le schisme n’avait pas été créé par les Bouddhistes vietnamiens mais par des forces temporelles qui cherchaient à transformer le Bouddhisme en un outil pour leurs desseins politiques. Il a raconté comment le Bouddhisme avait été divisé par deux fois par le régime communiste.

La première fois, la division a été due à la partition du pays entre le Nord et le Sud avec les Accords de Genève de 1954. Ho Chi Minh prenait le contrôle du Nord-Vietnam et instaurait la République Démocratique du Vietnam en 1955. Deux ans plus tard, il démantelait l’Association Générale des Bouddhistes Vietnamiens (AGBV), l’ancêtre de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam  (1), et établissait une « Association des Bouddhistes Vietnamiens Unifiés » sous le strict contrôle du Parti Communiste. Les bonzes, nonnes et laïcs de la désormais interdite AGBV étaient arrêtés, détenus et torturés, et le Bouddhisme supprimé en pratique. La deuxième fois, ce fut en 1975, après la victoire militaire communiste sur le Sud-Vietnam, lorsque le Parti Communiste a appliqué la même politique contre les Bouddhistes du Sud, bien que la tâche s’avérât bien plus difficile. Alors que Ho Chi Minh n’avait pris que deux ans pour démanteler l’Association Générale des Bouddhistes Vietnamiens dans le Nord, le Parti Communiste mit presque six années avant de réussir à mettre hors-la-loi l’indépendante Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam et à ériger son Eglise officielle, l’Eglise Bouddhique du Vietnam (EBV), en 1981.

Le Vénérable Thich Quang Do a expliqué à l’Ambassadeur norvégien que le régime de Hanoi mettait en œuvre une double politique visant la suppression des religions en général et de l’EBUV en particulier. D’une part, le régime recourt à la répression la plus flagrante avec harcèlement, détention, assignation à résidence et même le meurtre pour éliminer les dignitaires de l’EBUV et leurs fidèles. D’autre part, il contraint, intimide ou achète les ralliements des bonzes de l’EBUV à l’Eglise d’Etat et, par voie de conséquence, leur transformation en agents du Parti Communiste et pions de l’effort de l’Etat pour contrôler la masse des Bouddhistes.

Dans la mesure où le Vietnam s’efforce d’intégrer la communauté internationale et à montrer un « communisme à visage humain », Hanoi ne peut plus organiser de brutales campagnes de répression et des procès publics contre les Bouddhistes comme par le passé. Aujourd’hui, a expliqué Thich Quang Do, la répression est beaucoup plus insidieuse et sophistiquée. En cette période marquée par les conflits liés au fondamentalisme religieux, Hanoi tente de discréditer l’EBUV et d’effrayer l’opinion internationale en présentant les dignitaires de l’EBUV comme des personnes faisant de la « politique », des « extrêmistes », des gens « cherchant à renverser le régime ». Ceci est complètement faux, a démenti Thich Quang Do, soulignant que le véritable but de Hanoi est d’étouffer et d’éliminer l’indépendante EBUV du fait de ses demandes pacifiques pour la liberté religieuse et les droits de l’Homme. Le régime de Hanoi prétend qu’il a réalisé la « Réunification bouddhiste », mais si cela était vrai, a-t-il remarqué, les dirigeants communistes laisseraient les Bouddhistes se réunir librement pour résoudre ces questions sans ingérence politique.

Thich Quang Do a confié à l’Ambassadeur Storløkken que l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam était prête à accepter une réunification bouddhiste, mais seulement si quatre conditions fondamentales étaient remplies  :

1) Le Vietnam doit tout d’abord restaurer le statut légal de l’EBUV ;

2) Le Vietnam doit rendre toutes les institutions culturelles, éducatives, religieuses et humanitaires, toutes les terres et tous les biens confisqués à l’EBUV depuis 1975. En tout premier lieu, le Vietnam doit rendre les deux institutions clef de l’EBUV, à savoir la Pagode Viet Nam Quoc Tu et le Centre Culturel Quang Duc à Saigon pour rendre ses murs aux Instituts bicaméraux de l’EBUV, l’Institut du Sangha (Vien Tang Thong) et l’Institut pour la Propagation de la Dharma (Vien Hoa Dao) ;

3) Le Vietnam doit libérer l’Eglise Bouddhique du Vietnam, créée par le Parti Communiste et le gouvernement en 1981, de l’emprise du Parti Communiste. Cette Eglise doit fonctionner en toute indépendance et ne pas être membre du Front de la Patrie du Parti Communiste du Vietnam ;

4) Le Vietnam doit clarifier les circonstances du décès du dignitaire de l’EBUV Thich Thien Minh, torturé à mort lors des interrogatoires par la police à Saigon, en 1978.


(1) En réalité, selon les annales de l’histoire vietnamienne, le Bouddhisme unifié remonte à la dynastie Dinh (Xe siècle après JC) lorsque le Sangha (ordre des bonzes et des nonnes) a formé un corps uni, ou « Eglise », sous l’autorité d’un Patriarche. La première mention d’un Patriarche bouddhiste a été trouvée dans les « Annales complètes du Dai Viet » (Dai Viet Su ky toan thu)  : « Durant l’Année de la chèvre [971 après JC], le roi a défini la hiérarchie des civils, des militaires et des bonzes bouddhistes. Il a donné au Patriarche bouddhiste Ngô Chân Luu le titre de « Grand Maître, protecteur de la nation Viet ». Sous l’ordre colonial français, le Bouddhisme a connu une période de déclin. Cependant dans les années 1920, les bonzes et laïcs bouddhistes ont lancé un mouvement de renaissance du Bouddhisme vietnamien. Avec ce mouvement ont été fondées l’ »Association des Etudes Bouddhiques de Cochinchine » (1931) à Saigon, l’ »Association Bouddhiste de l’Annam » (1932) à Hue et l’ »Association Bouddhiste du Tonkin » (1934) à Hanoi, etc.. Le 6 mai 1951, les bonzes, nonnes et laïcs bouddhistes de six Ecoles du nord, du centre et du sud du Vietnam, réunis en Congrès Bouddhiste National à Hue, ont fondé l’Association Générale Bouddhiste du Vietnam. Elle avait été nommée « association » à cause du Décret colonial n°10 pour lequel seul le Catholicisme pouvait se constituer en Eglise, les autres religions étant réduite au statut d’association. A la suite de la lutte bouddhiste pour la liberté religieuse et la chute du gouvernement de Ngo Dinh Diem en 1963, le Décret n°10 a été aboli. En 1964, le Bouddhisme a officiellement retrouvé l’intégralité de son statut légitime sous le nom d’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (note du BIIB).

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