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Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme demande au Roi de Thailande d’empêcher l’extradition de l’activiste Ly Tong

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PARIS, 11 septembre 2006 (Comité Vietnam) – M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et Vice-Président de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), a écrit aujourd’hui au roi de Thailande Bhumibol Adulyadej afin de le prier d’intervenir en faveur de l’activiste vietnamien Ly Tong, actuellement détenu en Thaïlande et risquant une expulsion vers le Vietnam. Il a demandé au roi de montrer de la « compassion et de l’humanité » en rapportant la décision de la Cour pénale thaïlandaise d’extrader Ly Tong vers le Vietnam.

Ly Tong, citoyen américain de 58 ans, avait été arrêté en Thaïlande en novembre 2000 après avoir survolé Ho Chi Minh Ville (Vietnam) à bord d’un petit avion et y avoir lâché des tracts en faveur de la démocratie. Il est en prison en Thaïlande depuis près de 6 ans pour avoir violé l’espace aérien thaïlandais. Le gouvernement vietnamien a demandé à la Thaïlande de l’extrader afin qu’il soit poursuivi au Vietnam. Le 7 septembre 2006, la Cour pénale thaïlandaise a délivré un ordre d’extradition. Ly Tong a 15 jours pour interjeter appel.

M. Vo Van Ai a rappelé que « selon la loi thaïlandaise sur l’extradition de 1929, les personnes ne peuvent être extradées pour des délits politiques. Le gouvernement vietnamien a promis à la Cour pénale thaïlandaise de ne pas juger Ly Tong pour des délits politiques et le Juge thaïlandais Peeravut Ang-chuan a fondé sa décision sur le motif qu’il ne serait pas poursuivi sur des chefs d’inculpation politiques. Toutefois, dès l’annonce du verdict, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères vietnamien Le Dung a annoncé que Ly Tong avait commis « de graves violations de la souveraineté nationale et de la sécurité nationale » et qu’il serait « sévèrement puni ». Selon le Code pénal vietnamien, les atteintes à la « sécurité nationale » constituent un crime hautement politique. Les crimes touchant la sécurité nationale, notion vague et interprétée très largement au Vietnam, sont punis de peines extrêmement lourdes. Ly Tong risque la détention perpétuelle s’il est renvoyé au Vietnam ».

M. Ai a exprimé sa préoccupation concernant le fait que « Ly Tong n’aura pas droit à un procès équitable. Dans un Etat à Parti unique comme le Vietnam, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont contrôlés par le Parti Communiste du Vietnam. Les procès se tiennent à huis-clos et les accusés n’ont pas le droit de choisir leur avocat. Selon la loi vietnamienne, il sera impossible d’envoyer un avocat international pour défendre Ly Tong. Le décret 87/2003/ND-CP interdit aux avocats étrangers, ainsi qu’aux avocats vietnamiens employés par des des firmes étrangères, de plaider dans les tribunaux vietnamiens. Ainsi, étant donné les récentes déclarations du Ministère des Affaires étrangères, il est clair que Ly Tong ne bénéficiera pas de la présomption d’innocence ».

« Le Vietnam prétend que Ly Tong est un « dangereux terroriste », alors qu’en fait il n’a jamais usé de violence ou mis la vie de quiconque en danger. Son véritable « crime » est son insatiable besoin de liberté pour le Vietnam ».

« Air Marshal dans l’ancienne armée sud-vietnamienne, Ly Tong a été détenu sans procès pedant 5 ans dans un camp de rééducation, dans des conditions inhumaines, astreint aux travaux forcés et sous-nourri. En 1980, il s’est échappé du camp A20 (province de Phu Yen) et a gagné sa liberté en marchant, en pédalant ou en auto-stop sur plus de 2.500 km de jungle au Cambodge et en Thaïlande, terminant son périple en nageant à travers le détroit de Johore entre la Malaisie et Singapour, où il a demandé l’asile auprès de l’ambassade américaine. Arrivé aux Etats-Unis en tant que réfugié, il a continué à dénoncer le manque de démocratie au Vietnam, se lançant dans une série de one-man-show de protestation. En 1992, il a piraté un vol de la Vietnam Airlines pour jeter sur Ho Chi Minh Ville des tracts avant de sauter en parachute sur la ville. Il a immédiatement été arrêté et condamné à 20 ans d’emprisonnement. Détenu pendant 6 ans, il a finalement été libéré du camp de Ba Sao (nord du Vietnam) lors d’une amnistie gouvernementale en 1998 ».

« Ly Tong a toujours agi seul, se dressant seul dans sa bataille contre l’ordre communiste. Ses actions sont invariablement spectaculaires et extravagantes — parfois illégales, comme dans le cas de la violation de l’espace aérien pour lâcher ses tracts sur le Vietnam. Mais en aucun cas, elles sont violentes. Ly Tong cherche simplement à attirer l’attention du monde sur l’abîme dans lequel se trouvent les droits de l’Homme au Vietnam, qui sont si souvent négligés par l’opinion et la presse internationales ».

Concluant que « Ly Tong a déjà payé un très lourd tribut pour ses actes et ses convictions », M. Ai souligne que « si il était renvoyé au Vietnam, il subirait la vengeance et l’oppression d’un régime qui ne souffre aucune diversité ou différence d’opinion. C’est la dernière chance de le sauver. J’en appelle à vous, Votre Majesté, pour intervenir en faveur de Ly Tong et demander à la Cour Pénal de Thaïlande de rapporter immédiatement l’ordre d’extradition. Je place ma confiance en votre humanité et en votre compassion, ainsi que dans la Justice de votre Royaume pour m’assurer que Ly Tong ne sera pas injustement renvoyé au Vietnam afin d’y passer le reste de son existence dans l’enfer des geôles vietnamiennes ».

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