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Examen Périodique Universel du Vietnam à Genève : Le Vietnam méprise les recommandations pour les droits de l’homme à l’ONU se prépare à juger arbitrairement des dissidents

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GENEVE, 24 septembre 2009 (VCHR) – Alors que le Conseil des Droits de l’Homme se réunit aujourd’hui pour adopter le rapport final sur l’Examen Périodique Universel du Vietnam, M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, a dénoncé le Vietnam qui rejette les mesures essentielles proposées par les États-membres de l’ONU pour promouvoir les droits de l’Homme, tout en poursuivant une campagne sauvage de répression contre ceux qui protestent pacifiquement au Vietnam.

Vo Van Ai
Vo Van ai

« Aujourd’hui, en ce jour où le Vietnam passe devant le Conseil des Droits de l’Homme, huit militants démocrates, dont l’écrivain Nguyen Xuan Nghia, l’étudiant Ngo Quynh, Nguyen Manh Son, Nguyen Van Tinh, Nguyen Van Tuc, Nguyen Kim Nhan, Pham Van Troi et l’instituteur Vu Hung, devaient être jugés devant les Tribunaux populaires à Haiphong et Hanoi », a dit Vo Van Ai. Arrêtés en septembre 2008 pour avoir manifesté pacifiquement contre les revendications territoriales de la Chine sur les Iles Spratley et Paracel, ils ont été reconnus comme victimes de détention arbitraire par le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire. « En persistant à détenir ces militants non-violents et en prévoyant de les juger pour des atteintes à la « sécurité nationale », en dépit des recommandations de l’ONU, le Vietnam affiche ouvertement son mépris total pour ses obligations internationales et pour les droits de l’Homme », a-t-il ajouté. Leur procès, prévu pour aujourd’hui, aurait été reporté à la dernière minute, sans explication.

Dans une intervention orale lue au nom de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) et du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, M. Vo Van Ai a condamné le refus systématique de 40 recommandations constructives, notamment celles du Canada et des États-Unis d’« abroger ou réviser les lois sur la « sécurité nationale » et sur l’« abus des libertés démocratiques pour nuire aux intérêts de l’Etat » » (lois sous l’empire desquelles sont détenus les militants pacifiques). Le Vietnam a également rejeté la proposition de la Pologne d’abroger l’Ordonnance 44 sur la « détention administrative » qui permet la détention des dissidents ou leur internement en hôpital psychiatrique sans procès. Ces lois servent d’« intruments de la terreur d’Etat », a dit Vo Van Ai. Dans le Vietnam d’aujourd’hui, « un climat de peur règne ainsi contre les libertés d’expression, de presse et d’assemblée pacifique ».

Le refus du Vietnam de « toutes les recommandations visant à réviser la loi sur la presse et à assurer l’indépendance des médias et la libéralisation d’internet » est particulièrement préoccupant au vu du « nombre de journalistes, blogueurs, avocats des droits de l’Homme et autres opposants au régime [qui] ont été arbitrairement arrêtés depuis l’examen du Vietnam en mai dernier ». Des journalistes et écrivains publiant sur l’internet ont été renvoyés, arrêtés et forcés à des « confessions » et au renoncement de toute expression libre. Les blogueurs Nguyen Ngoc Nhu Quynh, Bui Thanh Hieu et Pham Doan Trang, arrêtés en août et septembre 2009, ont été relâchés à la condition qu’ils cessent toute activité sur internet. D’autres personnes arrêtées dans cette campagne de répression, dont l’avocat des droits de l’Homme, Tran Anh Kim et Nguyen Tien Trung attendent leur procès pour « propagande anti-socialiste ». « Ils risquent jusqu’à 20 ans de prison », a précisé M. Ai.

Le Vietnam poursuit sa répression tout en cherchant à se cacher aux yeux du public. C’est ainsi qu’il rejette les recommandations faites par plusieurs pays pendant l’EPU de mettre en œuvre « une politique de transparence sur la situation de ses prisons et ses camps de détention, le nombre des détenus, les raisons de leur incarcération, ainsi que sur la peine de mort ».

M. Ai a également condamné le refus du Vietnam de poser une invitation permanente aux Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression, la liberté de religion, la torture, les défenseurs des droits de l’Homme et au Groupe de travail sur la détention arbitraire, que demandaient de nombreux pays d’Europe et d’Amérique Latine. Le refus du Vietnam de ces « mesures les plus élémentaires contribuant à une protection effective des droits de l’Homme, et nous nous interrogeons à juste titre sur la volonté réelle du Vietnam de tenir ses engagements internationaux », a-t-il dit.

Vo Van Ai a soutenu la recommandation de la Norvège de « laisser la société, les individus et les organisations, s’exprimer librement et promouvoir les droits de l’Homme » en particulier au Vietnam, où « les groupes religieux [sont] parmi les dernières voix indépendantes de la société civile ». Il a par conséquent pressé le gouvernement « de mettre en œuvre la recommandation des États-Unis visant à autoriser et à reconnaître les religions indépendantes, au premier chef l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV). Les dignitaires religieux indépendants détenus, comme le Patriarche Thich Quang Do, ou harcelés doivent être libérés et retrouver des conditions de vie normale et sans persécution ».

Les réponses du Vietnam lors du dialogue interactif de l’EPU ont révélé « la vision étroite du Vietnam des droits de l’Homme », à dit M. Ai. « Il ne suffit pas de déclarer que ces droits sont respectés pour qu’ils le soient en pratique ». En outre, alors qu’il rejetait les mesures les plus aptes à faire avancer les droits de l’Homme, le Vietnam acceptait les propositions de certains Etats « remettant insidieusement en cause l’universalité des droits de l’Homme au prétexte des “circonstances spécifiques” propres au Vietnam ».

« Les Nations Unies devraient ré-examiner très sérieusement le processus de l’Examen Périodique Universel », a prévenu Vo Van Ai. « Le principe d’une évaluation universelle pour mesurer et encourager les progrès des droits de l’Homme est un idéal très noble. Mais en pratique, l’EPU est utilisé par les pays non-démocratiques comme le Vietnam pour améliorer leur image sur la scène internationale sans faire aucun progrès concret ».

Lors de la session de l’EPU aujourd’hui, après son discours, M. Vo Van Ai a mis à disposition des copies du texte de son intervention. La délégation vietnamienne les a aussitôt et subrepticement fait « disparaître ». M. Vo Van Ai s’est insurgé : « Le Vietnam n’étouffe pas seulement la voix de son peuple à l’intérieur de ses frontières, mais aussi au sein des Nations Unies : Il censure même la voix de la société civile devant le Conseil des Droits de l’Homme ! »

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