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Le Parlement Européen demande de réévaluer la politique de coopération avec le Vietnam

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STRASBOURG, 12 juillet 2007 (Comité Vietnam) – Le Parlement Européen, réuni en séance plénière à Strasbourg, a adopté cet après-midi une « Résolution sur le Vietnam » dénonçant la répression des dissidents et les persécutions religieuses, l’incompatibilité des lois vietnamiennes avec le droit international et le double jeu des autorités vietnamiennes à l’égard de la communauté internationale. Compte tenu de la situation des droits de l’Homme et de l’attitude des autorités vietnamiennes, le Parlement Européen a demandé au Conseil et à la Commission de « réévaluer la politique [européenne] de coopération avec le Vietnam », en particulier au regard du respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux.

Cette résolution fait suite à la campagne d’information intense du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme à l’endroit des parlementaires européens depuis un mois et résulte d’un projet de résolution commun à cinq groupes politiques du Parlement : le Groupe du Parti populaire européen (Démocrates-chrétiens) et des Démocrates européens (PPE-DE), Groupe socialiste au Parlement européen, Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), Groupe Union pour l’Europe des Nations (comprenant les partis communistes d’Europe) et Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.

« Nous nous félicitons de cette résolution qui arrive à point nommé pour redonner courage à tous les dissidents vietnamiens écrasés par la machine totalitaire de Hanoi, et qui montre la lucidité des députés européens face aux manœuvres vietnamiennes qui ont leurré les gouvernements occidentaux l’année dernière » s’est réjoui Vo van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et porte-parole international de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam. La résolution rappelle qu’en 2006, le gouvernement vietnamien avait feint de libéraliser le régime en laissant s’exprimer certains dissidents démocrates pour obtenir son entrée à l’OMC, le retrait du Vietnam de la liste noire des violateurs de la liberté religieuse du Département d’Etat (liste CPC) et le vote par le Congrès américain de la clause sur les relations commerciales normales permanentes (PNTR).

« Il est très important pour nous que le Parlement européen ait comblé le silence imposé par les autorités vietnamiennes et adopté par une partie de la presse internationale sur la terrible répression qui pèse sur les Bouddhistes de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) » , a-t-il ajouté. La répression contre les Bouddhistes n’a jamais cessé. Le Parlement Européen a ainsi demandé la libération immédiate du Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang (87 ans) et de Thich Quang Do (79 ans) « détenus sans procès dans leur monastère depuis 1982, au seul motif qu’ils se sont faits les avocats déterminés de la liberté religieuse, des droits de l’homme et de la démocratie ». En outre, « du seul fait de leur appartenance à l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam, les membres des comités provinciaux, que cette Eglise a établis dans vingt provinces pauvres pour venir en aide aux plus démunis, sont victimes de harcèlements, interrogatoires, intimidations et menaces continuels ». Le Parlement Européen a demandé le rétablissement du statut légal de l’EBUV.

La Résolution brosse par ailleurs le tableau d’une répression tous azimuts par le régime vietnamien : Répression politique contre les intellectuels, avocats, journalistes, artistes, prêtres, citoyens qui se sont engagés pour la démocratie et les droits de l’Homme, notamment le Bloc 8406, répression religieuse et raciale contre les Montagnards et les Khmers Kroms, répression religieuse contre les Protestants et les Hoa Hao… Depuis le mois de mars 2007, plus de quinze dissidents ont été condamnés, lors de procès iniques, à un total de plus de 60 ans de prison et 30 ans d’assignation à résidence. Le Parlement Européen a demandé leur libération immédiate et inconditionnelle.

Vo Van Ai s’est enfin félicité que les Parlement européen ait mis l’accent sur la nécessité d’abroger ou réviser les lois sur la « sécurité nationale » conformément aux demandes des Nations Unies. « Il ne pourra pas y avoir d’Etat de droit ou de démocratie au Vietnam tant qu’existeront ces lois sur la sécurité nationale ». A cet égard, le Parlement européen, en dépit de l’abrogation du décret 31/CP sur la détention administrative, s’est inquiété de son remplacement par l’Ordonnance 44 de 2002 sur « le Règlement des violations administratives », qui « élargit les possibilités de détention sans procès des dissidents et reprend la vieille et sinistre pratique du placement des dissidents en hôpital psychiatrique ».

L’Ordonnance 44, qui a été adopté au moment même où le Vietnam présentait son rapport sur les droits civils et politiques au Comité des Droits de l’Homme de l’ONU (juillet 2002), prévoit en effet la détention administrative (sans procès) de 6 mois à 2 ans pour les personnes menaçant la « sécurité nationale » mais aussi l’internement des dissidents en hôpital psychiatrique. En vigueur depuis octobre 2002, il a remplacé le décret 31/CP.

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