GENEVE, 20 fév 2012 (AFP) – Les minorités religieuses au Vietnam sont victimes d’une politique de discrimination délibérée de la part des autorités, a déclaré lundi Vo Van Ai, président du comité vietnamien pour la défense des droits de l’Homme, affilié à la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
S’exprimant devant le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale, réuni à Genève, M. Vo Van Ai a notamment cité le cas des chrétiens hmongs, des Montagnards (minorité autochtone chrétienne de la région des Hauts-Plateaux), des membres de l’Eglise bouddhique unifiée du Vietnam (EBUV), des Hoa Hao (minorité chinoise), des Cao Dai et des Bouddhistes khmers kroms.
Selon M. Vo Van Ai, ces minorités « sont l’objet d’emprisonnement, de torture, d’assignation à résidence, de surveillance policière, d’intimidation et de harcèlement dans leur vie au quotidien ».
Le chef de l’EBUV, Thich Quang Do, se trouve « toujours en résidence surveillée au monastère Zen Thanh Minhh après près de 30 ans de détension sous différentes formes pour avoir défendu pacifiquement la liberté religieuse », a-t-il rappelé.
Et de dénoncer le « stéréotype sur le caractère +non-civilisé+ des minorités ethniques, qui est profondément ancré dans les politiques du gouvernement ».
En 1990, indique encore le représentant des droits de l’Homme, quelque 19% des pauvres recensés au Vietnam faisaient partie d’une minorité religieuse. « Aujourd’hui, cette part est de 56% », a-t-il relevé, avant de regretter que le Vietnam présente un rapport sur l’élimination de la discrimination raciale seulement tous les dix ans, alors qu’il devrait le faire tous les deux ans.
Le Vietnam est un pays multi-ethnique, avec plus d’une cinquantaine de groupes bien distincts. Sa population est majoritairement composée de Viêt, officiellement appelés Kinh (86%), et de 53 ethnies minoritaires.
Lundi, au cours de la même réunion à Genève, un représentant de l’ONG Montagnard Foundation Inc. a notamment dénoncé « les nombreux cas de stérilisation forcée de femmes ».
Un représentant de la Fédération Khmers Kampuchea-Krom a pour sa part souligné que les enfants de son peuple n’avaient plus le droit d’apprendre leur langue. Les Khmers-Kroms sont traités comme des citoyens de seconde classe ne jouissant d’aucun droit, a-t-il insisté.
Le dernier rapport du Vietnam adressé au Comité pour l’élimination de la discrimination raciale sera examiné mardi et mercredi.
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