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Les Nations Unies considèrent Thich Huyen Quang et Thich Quang Do comme victimes de détention arbitraire et demande leur libération immédiate

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PARIS, 6 juillet 2005 (VCHR) – Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire vient de considérer que les deux plus éminents dissidents vietnamiens, le Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite depuis 1981) Thich Huyen Quang et son adjoint, le Vénérable Thich Quang Do étaient victimes de détention arbitraire, en violation des normes internationales. Jugeant qu’ils ont été incarcérés en raison de leurs croyances religieuses, le Groupe de travail a demandé à ce qu’ils soient libérés sans délai.

L’« Avis » (réf. 18/2005) de 7 pages (texte complet disponible ici) a été adopté lors de la 42ème session du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire à Genève, le 26 mai 2005. En conformité avec les procédures de l’ONU, ce texte a d’abord été communiqué au gouvernement vietnamien et est resté confidentiel jusqu’à ce qu’il soit envoyé, aujourd’hui, au Comité Vietnam Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, qui avait alerté le Groupe de travail sur la détention de Thich Huyen Quang et Thich Quang Do, à la suite de la campagne de répression gouvernementale contre l’EBUV, au mois d’octobre 2003.

M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et porte-parole international de l’EBUV, a déclaré, en recevant cet avis : « La décision du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire réfute les récentes déclarations du Premier Ministre Phan Van Khai à Washington selon lesquelles : « il n’y a pas de prisonniers religieux ni de répression religieuse au Vietnam ». Mais bien plus encore, c’est une reconnaissance bienvenue des intolérables conditions endurées par le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et le Vénérable Thich Quang Do depuis tant d’années. Isolés, interdits de communiquer avec autrui et privés des libertés les plus fondamentales, ils souffrent trop depuis trop longtemps. Le Vietnam devrait les libérer immédiatement, et libérer tous les autres citoyens détenus pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions politiques ou leurs croyances religieuses ».

Dans cet « Avis », le Groupe de travail a rejeté les allégations du gouvernement vietnamien selon lesquelles Thich Huyen Quang et Thich Quang Do sont « complètement libres de toute surveillance administrative ou détention » et « pratiquent leur religion normalement », respectivement dans le Monastère Nguyen Thieu dans la province de Binh Dinh et dans le Monastère Zen Thanh Minh à Saigon. Donnant force détails sur l’arrestation et la détention des deux dignitaires de l’EBUV, le Groupe de travail a conclu que les deux hommes avaient été arrêtés et étaient détenus arbitrairement et en violation des normes des Nations Unies pour avoir tenu une réunion pacifique de l’EBUV au mois d’octobre 2003. Ils ont été placés « sous enquête pour possession de secrets d’Etat », selon une déclaration du porte-parole du Ministère des Affaires étrangère Le Dzung.

Concernant Thich Quang Do, 76 ans, le Groupe de travail déclare : « Thich Quang Do a été placé en détention administrative le 10 octobre 2003 pour une durée indéfinie et, depuis lors, est interné en isolation dans sa chambre dans le monastère où il vit. Il est fréquemment enfermé à clé dans sa chambre pour de longues périodes. La Sécurité est stationnée à l’intérieur et à l’extérieur du monastère… »

« En tant que prêtre bouddhiste et une des figures dirigeantes de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, Thich Quang Do est manifestement restreint dans sa liberté du fait de ses convictions religieuses ».

Concernant le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang, 87 ans, le Groupe de travail considère : « Thich Huyen Quang est en détention permanente dans le monastère [Nguyen Thieu] sans avoir été informé des charges retenues contre lui. Il est dans l’impossibilité de sortir et se trouve sous une surveillance permanente. Les autorités administratives lui ont refusé la permission de se rendre à Ho Chi Minh Ville en dépit de ses demandes répétées et lui ont confisqué son fax et son téléphone pour les communications internationales ».

« La privation de liberté dont souffre Thich Huyen Quang équivaut à une assignation à résidence, bien qu’aucune procédure n’ait été respectée et qu’aucune charge n’ait été retenue, en violation des dispositions de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques »…

Il conclut : « Sur la base des constatations susmentionnées, le Groupe de travail rend l’avis suivant :

« La privation de liberté de Thich Quang Do (Dang Phuc Tue) et de Thich Huyen Quang (Le Dinh Nhan) est arbitraire, en violation de l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques »…

Il prie le Vietnam de rendre la liberté à Thich Huyen Quang et Thich Quang Do et de prendre les mesures nécessaires pour remédier à leur situation « afin de la rendre conforme aux normes et principes contenus dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».

Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme soumet régulièrement des cas de violations des droits de l’Homme au Vietnam au Groupe de travail sur la détention arbitraire, à la Rapporteuse Spéciale sur la liberté religieuse et aux autres procédures spéciales des Nations Unies.

– Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a effectué une visite au Vietnam en 1994 afin d’observer les conditions de détention dans les prisons et les camps de rééducation. Dans son rapport à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, son Président d’alors, l’expert français Louis Joinet, avait dit avoir rencontré des anciens militaires du Sud Vietnam toujours emprisonnés après près de 20 ans. Il avait également pressé le Vietnam de réformer ses lois sur la « sécurité nationale » qui, estimait-il, peut conduire à sanctionner des personnes « qui n’ont fait qu’exercer leur droit légitime à la liberté d’opinion ou d’expression ». Il a en particulier dénoncé l’article 73 du Code pénal vietnamien (actuel article 79 du Code pénal) sur les « activités visant à renverser le régime du peuple », qui ne fait pas la distinction entre les actes violents (comme le terrorisme) et l’exercice pacifique du droit à la liberté d’expression ou d’association. Cet article prévoit des peines de 12 à 20 ans d’emprisonnement, de détention perpétuelle ou la peine de mort. Le Groupe de travail a également demandé à effectuer une visite de suivi, mais le Vietnam n’a pas répondu à cette requête.

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